En 1843 M. DALPIAZ a communiqué à la Société de Pharmacie l'observation qu'il fit à cette époque de la production de l'acide hydrocyanique pendant la réaction de l'acide nitrique sur l'alcool dans la préparation de l'éther nitrique des pharmacies: MM. DEROSNE et CHATIN, chargés de faire un rapport sur le travail de M. DALPIAZ, firent de leur côté quelques essais sur l'oxydation des corps gras au moyen de l'acide nitrique, et trouvèrent au nombre des produits l'acide hydrocyanique.(65) Les observations de M. DALPIAZ étaient d'ailleurs d'accord avec ce que M. GAUTHIER DE CLABRY avait déjà observé avant lui, en 1839, que l'acide hydrocyanique se trouve par fois au nombre des produits volatiles de la réaction si remarquable du nitrate acide de bioxyde de mercure et de l'alcool dans la préparation du fulminate de mercure. (Mercure fulminant de HOWARD).
      Depuis la lecture de ma note sur l'huile de bouleau, j'ai dû suspendre mes recherches sur ce point de l'histoire de l'acide nitrique, jusqu'aux premiers jours de l'année 1844, époque à laquelle j'ai pu recommencer mes travaux dans le laboratoire de l'Arsenal, que M. le Major d'Artillerie Chev. PIC a bien voulu mettre à ma disposition.(66) En travaillant dans cet établissement j'ai eu l'occasion favorable de suivre de près la fabrication du fulminate de mercure: j'observais que pendant la production de ce sel il se produisait une quantité très-grande d'éther nitreux dont la formule en équivalents est C4H5O.Az.O3, quantité qui, d'après des recherches directes que j'ai faites à cette époque, représente en poids plus que la moitié de l'alcool employé (51 à 52 %).(67) Je me suis demandé si l'on ne pourrait pas tirer parti de ce composé d'une manière plus utile qu'on ne l'avait fait jusqu'alors, et il me parut que sa décomposition sous l'influence de la chaleur devrait fournir de l'acide hydrocyanique en quantités assez grandes, pour qu'on put faire de ce mode de décomposition un procédé industriel pour la fabrication des cyanures.